L'histoire du quartier "LA CHAPELLE"
Non, ce n’est pas un château fort médiéval, les habitants du 18ème l’auront reconnu, il s’agît de la Basilique Jeanne d’Arc située, construite, démolie, reconstruite, embellie jusque dans les années 60.
Elle est située près du Métro Marx Dormoy, rue de la Chapelle. Cette artère principale du quartier était une voie romaine reliant Lutèce aux villes du Nord : après avoir franchi la Seine par l’île de la Cité, elle passait par un col entre les deux grandes buttes parisiennes : Montmartre et Ménilmontant.
D’où vient ce nom de Chapelle ? Et bien parce qu’une chapelle fut construite sur ce col à l’époque mérovingienne, en 475, par sainte Geneviève sur le tombeau de Saint Denis. Celui-ci décapité à Montmartre et parti, sa tête sous le bras, s’écrouler 1km plus loin, aurait été enterré à cet endroit par les premiers chrétiens. Les pèlerins affluèrent pour vénérer ces reliques et un village se forma peu à peu, qui prit le nom de La Chapelle-Saint-Denys.
Lorsque le roi Dagobert ( oui, oui celui qui avait sa culotte à l’envers…) fit transférer ces reliques dans l’abbaye de Saint-Denis en 636, le lieu de culte perdit un peu de son attrait au profit du nouveau lieu branché, mais la route reliant Paris à la foire du Lendit et à St Denis continua d’être très fréquentée.
Jusqu’au 19ème siècle, le village de la Chapelle se développa, il englobait le quartier Marx Dormoy comme nous le connaissons avec sa Grand-Rue actuellement le rues Marx-Dormoy et Chapelle. Les seules maisons anciennes, vestiges du village, encore debout sont le 40, le 42 et aussi le 52. Mais courez vite, elles n’en ont plus pour longtemps… La Mairie était située à l’emplacement du 57 rue Marx Dormoy ; quant aux cimetières, il y en avait un devant l’église, un autre Place de Torcy mais aussi un autre au niveau de l’actuelle rue Pierre Budin, longtemps connue sous le nom rue du Cimetierre; on trouvait la rue des Fillettes qui allait jusqu’à Aubervilliers; la rue de l’Evangile, à l’époque chemin de la Croix-de-l’Evangile ; la rue Philippe de Girard, à l’époque Chemin des Potences...on imagine pourquoi…..Notons qu’au temps des Romains, des champs de roses dont on distillait de l’eau pour les parfums et crèmes de beauté … rue des Roses, longtemps Rue des Rosiers, jusqu’aux actuelles tours de la Chapelle.
Mais faisait également partie de La Chapelle : la Goutte d’Or et ses vignes réputées dont on offrait chaque année au Roi de France 4 muids de vin et aussi la Butte des Couronnes et ses cinq moulins qui se situaient respectivement au 40, rue Polonceau, 23 rue des Gardes, 14 passage Léon, 3 rue St Luc et enfin 8 rue Pierre l’ermite ; la rue des Poissonniers par laquelle arrivait le poisson, de Dieppe jusqu’au Louvre, sur la table du roi.
Evidemment, le village était moins peuplé qu’actuellement, mais en septembre 1429 cependant, la Chapelle vit arriver encore plus de monde qu’au Ground Control les soirs de concert, avec la venue de Jeanne d’Arc et de ses fidèles écuyers cherchant à bouter les Anglois hors de France comme chacun le sait. Elle séjourna dans une petite auberge sise dans l’actuel quartier de l’Olive et vint prier et communier à l’Eglise St Denys-La chapelle.
Le quartier se transforma vraiment lors de l’absorption du village en 1860 par Paris.
Et ce sera, chers lecteurs, l’objet de notre prochaine chronique…